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pays, aussi facilement que les décrets !… Confier aux seuls ennemis éternels de la race noire le droit de faire des lois qui la concernaient ! Abdiquer entre les mains des hommes intéressés à perpétuer l’esclavage et le préjugé de la couleur, le droit souverain de la législature du royaume !… Le roi s’empressa d’accepter, de sanctionner ce décret : il n’en pouvait être autrement de sa part.

Mais, comme l’observe judicieusement le rapporteur des débats sur les colonies, déjà les faits qui se passaient à Saint-Domingue détruisaient le décret du 24 septembre. Les concordats dictés dans l’Ouest par les hommes de couleur leur assuraient plus que ne leur concédait le décret du 15 mai. Ils entraient dans la plénitude des droits octroyés par l’édit de Louis XIV. Nègres et mulâtres libres étaient égaux aux blancs. Dans le Nord, le joug avilissant de l’esclavage était secoué par les noirs, la torche et le poignard dans les mains !

La force appuyait le droit : elle le faisait respecter, du moins en apparence.


Blanchelande, qui avait la perfidie de la faiblesse, écrivit le 12 octobre à Hanus de Jumécourt, le 20 aux hommes de couleur, que l’assemblée générale et lui voulaient l’exécution du décret du 15 mai. Préalablement, il avait déclaré qu’il ne le ferait pas exécuter, alors même qu’il le recevrait officiellement !. En voici la raison.

Cette assemblée, effrayée de l’incendie qui se propageait toujours dans le Nord, des massacres que faisaient les noirs en révolte, voulant gagner les hommes de couleur à la cause des blancs pour combattre les noirs, rendit divers arrêtés les 5, 6 et 14 septembre, pour leur