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quartiers, qui ont concouru avec les blancs à la défense commune contre les brigands.

Arrête enfin, que le représentant du roi sera invité à faire une proclamation, conformément à l’esprit du présent arrêté.


Il ne suffisait, pas à l’assemblée générale d’avoir rendu cet acte inique ; elle l’accompagna d’une adresse où on lit les passages suivans : cette adresse portait la date du 7 novembre.


Ce n’est point sur la sédition et la violence que vous deviez fonder votre espoir ; les traités arrachés par la force et la perfidie ne peuvent avoir qu’un succès passager, et le retour doit être terrible… L’assemblée générale vous avait tracé une route plus heureuse et plus sûre : c’est dans le sein de sa justice et de sa bonté que vous deviez voler et vous réunir. Cessez d’invoquer aveuglément des lois éteintes qui vous portaient les coups les plus rigoureux. Cessez de croire que le sage sénat de la France, que le roi, que le peuple français puissent approuver un moment le désordre et le crime ; craignez plutôt la juste sévérité de cette assemblée auguste dont les sentimens et les décrets ont été calomnieusement interprétés, craignez la juste et terrible vengeance d’un peuple entier, dont les intérêts ont été si cruellement outragés ; craignez la terrible et juste vengeance d’une colonie tombée en un instant du faîte de la prospérité dans toute la profondeur de l’infortune ; craignez enfin l’éclat, de cette chute et le ressentiment inévitable de toutes les puissances qui nous environnent, et qui ont le même intérêt que nous : tremblez surtout que vous ne soyez reconnus et jugés comme les auteurs et les complices de tant de malheurs et de forfaits. Le jour de la clémence n’est pas encore passé ; l’assemblée générale vous ouvre ses bras protecteurs, venez-y déposer vos chagrins et vos espérances : comptez entièrement sur sa loyauté et sa bienfaisance ; mais comptez aussi irrévocablement sur toute l’étendue de sa justice et de sa fermeté. Salut[1].


Le 13 novembre, Blanchelande adressa aussi aux hommes de couleur sa proclamation, pour leur ordonner

  1. Le Fameux Page était un des rédacteurs de cette adresse : c’est tout dire. Débats, tome 1er, page 347.