Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/262

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Le lundi 24 octobre, cette entrée s’effectua avec toutes les apparences d’une joie commune. Caradeux donna le bras à Bauvais : on se rendit à l’église où le Te Deum fut chanté. Le lendemain, dans un repas patriotique auquel assistèrent les principaux des hommes de couleur et des blancs, Caradeux fut de nouveau proclamé capitaine général des gardes nationales de l’Ouest, et Bauvais, commandant en second.

L’armée de couleur, forte de mille cinq cents hommes, occupa diverses positions. Un poste établi sur le Belair, au haut de la rue qui conduit à l’abreuvoir et passe devant l’église, fut confié au commandement de Lambert, ayant sous ses ordres les capitaines Lafontant, Sannon Doyon, Fouguy et Obran. Un autre poste, à l’entrée du chemin de la Coupe, derrière les grandes casernes, fut confié au capitaine Doyon aîné. Un troisième fut établi dans l’ancienne maison Duval, sur la place d’Armes ou Champ-de-Mars, en face du palais du gouvernement ; et les compagnies de l’Arcahaie l’occupèrent. Enfin, au palais se tenaient Bauvais et les autres principaux chefs et le gros de l’armée. Pétion et son artillerie y étaient aussi.


Nous avons dit que les blancs du Port-au-Prince avaient mis pour condition à la ratification du concordat du 11 septembre, signé à la Croix-des-Bouquets par leurs commissaires, le concours des hommes de couleur à leur projet de séparer Saint-Domingue de la France. Les hommes de couleur s’y étaient refusés, et les frégates anglaises qui étaient alors dans le port, étant retournées à la Jamaïque, les blancs s’étaient enfin décidés à conclure la paix qui eut lieu a Damiens. Mais, durant les