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esclaves réfugiés dans cette même montagne de Bahoruco, qu’ils appelèrent le Doco, promettre, en traitant de leur affranchissement avec le gouverneur général de Bellecombe, de livrer désormais tous les nouveaux fugitifs qui viendraient les joindre ? Avant eux, et par le même motif, les nègres fugitifs de la Jamaïque et de la Guyane hollandaise avaient pris de semblables conventions, fidèlement exécutées de leur part.

Enfin, dans le Nord de Saint-Domingue, peu après la déportation des suisses, on vit aussi les chefs des insurgés noirs proposer aux commissaires civils Roume, Mirbeck et Saint-Léger, de faire rentrer dans l’esclavage la masse de cette armée, moyennant la concession de l’affranchissement en faveur des principaux d’entre eux ; et certes, à cette époque, Toussaint Louverture, dont l’intelligence était déjà remarquable, dont les talens politiques n’avaient pu encore se développer, Toussaint Louverture trouvait tout commode de se ranger parmi ces privilégiés qui voulaient trafiquer du sort de leurs semblables. Et si l’assemblée coloniale n’avait pas mis autant d’orgueil et de méchanceté dans ses procédés, on eût vu ces chefs noirs faciliter le rétablissement de la condition servile des ateliers. Cette conduite aurait dû empêcher Toussaint Louverture, dans ses dissensions avec Rigaud, d’étendre à toute la classe des mulâtres le reproche que Sonthonax adressait à Pinchinat seul ; mais la ligne politique qu’il suivait en 1799 semblait lui conseiller cette injuste apostrophe.


Passons maintenant aux événemens qui suivirent le départ des suisses.

Le traité de paix du 25 octobre devait recevoir sa