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nir dix jours après chercher la réponse de l’assemblée.

Dans cet intervalle, les chefs noirs délibérèrent sur le point de savoir à quel nombre ils fixeraient les libertés à réclamer pour eux. Jean François en voulait trois cents, Biassou fut du même avis, non compris les membres de sa propre famille. Toussaint Louverture fut celui qui, suivant Gros, le décida à réduire ce nombre a cinquante, qui fut accepté aussi par Jean François.

Ainsi Toussaint Louverture aurait été moins prodigue d’affranchissemens que les autres.

Au bout des dix jours, Raynal et Duplessis retournèrent au Cap. Ils reçurent du président de l’assemblée coloniale la réponse suivante, dans la séance du 16 décembre :


« Émissaires des nègres en révolte, vous allez entendre les intentions de l’assemblée coloniale. L’assemblée, fondée sur la loi et par la loi, ne peut correspondre avec des gens armés contre la loi, contre toutes les lois. L’assemblée pourrait faire grâce à des coupables repentans et rentrés dans leurs devoirs. Elle ne demanderait pas mieux que d’être à même de reconnaître ceux qui ont été entraînés contre leur volonté. Elle sait toujours mesurer ses bontés et sa justice ; retirez-vous. »

À leur retour, et sur le rapport qu’ils firent de cette insolente réponse, Biassou se mit en fureur ; et sans l’influente intervention de Toussaint Louverture, il eût fait fusiller les blancs prisonniers du camp des insurgés. Gros dit cependant que Toussaint conseilla à Biassou de les faire mettre aux fers, pour être ensuite jugés par un