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pour connaître la colonie et s’occuper des moyens de la faire prospérer ; et, disaient les colons, pour faire leur fortune ou la réparer, si elle avait souffert en Europe. Aussi étaient-ils souvent accusés par ces colons, de tout employer pour y arriver promptement.

L’administration de la justice, ce premier besoin des peuples, entachée de subordination aux volontés des deux hauts agens de l’autorité de la métropole, ne pouvait guère être impartiale, dans un pays où le mépris pour une race d’hommes habituait à ne respecter les droits d’aucun. Avec ce vice radical, elle coûtait annuellement aux administrés, environ 10 millions de livres des colonies[1] pour frais, dans leurs procès ; et ces administrés accusaient les magistrats d’une vénalité, d’une corruption ruineuse pour leurs intérêts.

La police coloniale était divisée en haute et basse police.

La haute police appartenait au gouverneur général, aux commandans en second, aux commandans particuliers et aux commandans de quartiers.

La basse police était confiée principalement aux juges des sénéchaussées, aux autres officiers de l’état-major, aux commandans des stations maritimes pour les ports ou rades, aux commissaires des classes.

Tous ces agens divers suivaient à peu près leur volonté, selon les lumières de leur raison, au travers de tous les édits, de toutes les ordonnances, de toutes les instructions ministérielles concernant les colonies.

Dans la haute police attribuée au gouverneur général

  1. La livre des colonies, monnaie de compte, ne valait que les deux-tiers de la livre tournois, ou franc, de la métropole.