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Cette coalition les rendit maîtres de toute la province de l’Ouest, le Port-au-Prince excepté. Ce fut encore aux talens politiques de Pinchinat qu’ils durent cette mesure. Pinchinat fut secondé en cette circonstance par Savary, J.-J. Laplaine, Guyambois, Charles Petit-Bois et Esnard, tous mulâtres ou nègres libres de l’Artibonite. Du côté des blancs, ce fut surtout le vicomte de Fontanges, propriétaire dans cette plaine, qui devint le médiateur entre les blancs et les hommes de couleur[1].

Le traité de paix et d’union qui fut signé à Saint-Marc le 21 avril 1792, précédé d’un autre qui lui servit de base et qui fut signé le 14, à la Petite-Rivière, dénonçait à la nation et au roi l’assemblée provinciale de l’Ouest et l’assemblée coloniale, comme étant les auteurs de tous les maux de la colonie. N’oubliant jamais de confondre la cause commune de tous les mulâtres et nègres libres, Pinchinat y fit insérer une disposition par laquelle l’élargissement de tous ceux qui étaient détenus prisonniers dans divers quartiers, serait demandé par les blancs de l’Artibonite, en retour de la mise en liberté de cent cinquante prisonniers blancs qui étaient tombés au pouvoir des hommes de couleur, dans les combats livrés contre Borel, et qui se trouvaient détenus au fort élevé à la Crête-à-Pierrot, monticule destiné à devenir célèbre dans nos annales. Dans cette convention ou concordat du 14 avril, il fut reconnu et constaté que la détention de ces blancs prisonniers n’avait rien de cruel, par la générosité avec laquelle ils furent traités. Et c’étaient cependant des hommes de la troupe d’assassins et de pillards commandée par Borel !

  1. C’est le même Fontanges qui vint en 1816, en qualité de commissaire de