Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

se trouver, par ce moyen, aisés et à même d’augmenter leurs fortunes… Une partie des enfans de couleur qui résultèrent de ces mariages et associations était envoyée en France par leurs pères, soit pour les faire élever, soit pour leur faire apprendre des professions analogues aux facultés de leurs parens.

« La paix de 1749 attira dans les îles un grand nombre de familles blanches qui adoptèrent bientôt le ressentiment et le préjugé que les anciens blancs commençaient à manifester contre les gens de couleur, et que leurs fortunes croissantes ne faisaient qu’augmenter.

» La paix de 1763 lui donna de nouvelles forces. À cette époque, on vit revenir dans les colonies toute cette jeunesse de couleur qui avait reçu une bonne éducation, dont plusieurs avaient servi dans la maison du roi, et comme officiers dans différens régimens.

» Les talens, les qualités, les grâces, et les connaissances que la plupart de ces jeunes gens possédaient, et qui faisaient la censure des vices et de l’ignorance des blancs des îles, furent la cause même de l’avilissement où on les jeta. Les sots ne pardonnent pas l’esprit, ni les tyrans la vertu. Aux humiliations dont les blancs accablèrent cette jeunesse de couleur, ils cherchèrent à joindre des lois oppressives qui sanctionnassent ces opprobres, qui étouffassent tous les talens et l’industrie de cette classe.

» Il y avait, comme je l’ai dit, à Saint-Domingue, une grande quantité de blancs mariés à des personnes de couleur. On accabla ces blancs de si cruels mépris, qu’on arrêta subitement ces associations dictées par la nature des lieux, et qui auraient fait rapidement peu-