Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/91

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fertiles que dans celle du Nord, mais ils veulent toujours l’arrosement… L’avantage géographique de la partie du Nord, c’est de se trouver placée au vent des deux autres… Le Cap reçoit et attire plus de bâtimens que les autres ports de la colonie… Les denrées y sont avantageusement vendues… La circulation du numéraire y est plus rapide qu’ailleurs, et l’industrie, quelque forme qu’elle veuille prendre, est presque sûre d’y être encouragée.

» La partie du Nord est la première que les Français aient établie, et elle est encore la plus importante par sa situation, militairement parlant, par ses richesses et par sa population. On peut y compter à peu près 16,000 blancs de tout âge, dont plus des deux tiers sont du sexe masculin ; 9,000 gens de couleur libres, presqu’en nombre égal dans chaque sexe ; et 170,000 esclaves, parmi lesquels le rapport des nègres est à celui des négresses, comme 9 est à 7. Les nègres, en général, y sont plus industrieux et mieux traités. La culture est aussi poussée plus loin dans le Nord, et l’art de fabriquer le sucre y a fait des progrès qu’on n’égale point encore dans le reste de la colonie. Il faut dire de plus, parce que c’est la vérité, qu’on y trouve une plus grande sociabilité et des dehors plus polis. Il y a même une sorte de rivalité jalouse, de la part de l’Ouest et du Sud à cet égard, et elle servirait, au besoin, de preuve à cette observation. La plus grande fréquentation des bâtimens européens y place les premiers succès de la mode ; et partout où il y a des Français, la mode a ses adorateurs. Le luxe y a donc un culte très-suivi, et c’est du Cap, comme d’un centre, qu’il répand ses jouissances et ses maux…

» La partie de l’Ouest, contenant le Port-au-Prince, qui est la capitale de la colonie, elle renferme ainsi le