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portèrent la parole contre lui. Irrité plus qu’en avril 1831, Boyer le révoqua immédiatement, et il donna la direction du lycée à M. Saint-Macary qui était resté, sans emploi depuis l’année précédente[1].


Le 6 janvier 1833, le secrétaire d’État publia un avis pour annoncer que les emplacemens de la ville Pétion étaient mis en vente. Bien des personnes en achetèrent avec le projet d’y faire des constructions, mais peu d’entre elles le réalisèrent, parce que de son côté, le gouvernement se borna à y faire édifier quelques magasins où furent mis en dépôt des objets de guerre. L’établissement de cette ville resta ainsi, comme on disait dans l’ancien régime colonial, « un projet de Saint-Domingue : » à cette époque reculée, on en formait incessamment dans l’intérêt public, mais on ne les mettait guère à exécution. Une commission de fonctionnaires publics avait décidé que les noms des principales places et rues de la ville, seraient ceux des vétérans de la révolution, qui combattirent pour la cause de la liberté et de l’égalité dans le pays[2].

Le Président avait fait, au commencement de 1832, une courte tournée dans le département de l’Artibonite. Voulant se porter cette année dans celui du Nord, le 15 février il publia une proclamation qui prorogea la session législative au 10 juin suivant. Pendant son séjour au Cap-Haïtien, il eut à s’occuper de mettre fin à un schisme religieux entre les paroissiens, occasionné par un prêtre français nommé Legros, adversaire de l’abbé Jean Echevarria, prêtre espagnol qui était venu à Haïti depuis quelque temps. Ce dernier était un homme instruis éclairé, qui avait professé

  1. Après sa révocation, M. Granville ne fut plus employé à aucune fonction publique.
  2. Voyez ma Géographie d’Haïti à l’article Pétion.