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les Anglais dressèrent une batterie contre la place. Le 22 mars, elle tira contre le fort où était Dupuche, qui lui riposta avec avantage. Le général anglais ordonna un nouvel assaut qui n’eut pas plus de succès que celui de la veille : repoussées par l’artillerie et l’infanterie, ses troupes furent poursuivies par celles de la place qui leur enlevèrent deux pièces de canon, des caissons de munitions, etc.

Les Anglais se disposaient à attaquer de nouveau Léogane, quand ils apprirent que Bauvais avançait de Jacmel et Rigaud des Cayes, à son secours : ils se rembarquèrent sur leurs vaisseaux et se retirèrent au Port-au-Prince.

La défense de Léogane fit honneur à Renaud Desruisseaux, comme celle du fort Ça-Ira à Pétion. Les officiers qui se distinguèrent sous eux furent Dupuche et Benjamin Ogé, jeune militaire de 21 ans[1].

Rigaud et Bauvais, arrivés à Léogane après le départ des Anglais, firent publier une relation de la belle défense de cette ville ; ils rendirent justice à la valeur de tous ceux qui s’y étaient distingués. Mais ils eurent l’indignité de ne pas faire mention de la défense du fort Ça-Ira, par Pétion. On a dit, à cette occasion, que c’était parce que Pétion avait blâmé la conduite de Villatte dans l’affaire du 30 ventôse an 4 (20 mars 1796), qui se passait au Cap la veille du jour où il repoussait les bâtimens anglais[2].

  1. Dupuche était un mulâtre de la Guadeloupe : venu à Saint-Domingue, il se trouva au Camp Diègue, devint sous-lieutenant de la compagnie de Pétion et chef de bataillon le 2 prairial an 5 (21 mai 1797}.

    B. Ogé, d’une famille du Port-au-Prince, n’était pas le parent du martyr de 1791. On le verra plus tard donner de nouvelles preuves d’une bravoure extraordinaire.

  2. Histoire d’Haïti, t. 1, p. 242.