Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/15

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Le 5 juillet, jour fixé pour la livraison ordinaire des provisions qu’on donnait au Fort-Dauphin à ces troupes auxiliaires, Jean François fît approcher les siennes de la place, comme s’il ne s’agissait que de recevoir ces objets. Le 7, vers 9 heures du matin, il réussit à tromper la vigilance d’un officier qui gardait une des portes de la ville, et ses soldats y pénétrèrent en grand nombre. Car, jusque-là, la capitulation de Candi et de Knappe avait été exécutée par rapport à ces bandes indisciplinées, dans l’intérêt des habitans.

Jean François se porta à cheval chez Don Gaspard de Cassassola, à qui il déclara d’un ton impérieux, qu’il avait appris que les Français du Fort-Dauphin tramaient pour livrer cette place à leurs concitoyens républicains, et qu’il demandait leur expulsion immédiate, sinon qu’il ferait main basse sur eux. Déjà, l’officier espagnol avait reçu des avis de cette intention barbare de Jean François. S’il n’était pas de complicité avec lui, n’aurait-il pas fait prendre des mesures par les officiers supérieurs sous ses ordres, tous capables d’empêcher un tel résultat ? Au contraire, il se borna à répondre à Jean François, que l’expulsion des Français ne pouvait être ordonnée que par le gouverneur général Don J. Garcia qui était à Santo-Domingo : il ne lui fît pas la moindre objection à la seconde partie de sa déclaration. C’était consentir tacitement à son exécution.

Alors Jean François sortit de la maison et agita un mouchoir blanc, signal convenu entre lui et les affreux exécuteurs de cette nouvelle Saint-Barthélémy. Aussitôt, ces assassins commencent l’œuvre impie que secondait encore, par ses exhortations, un prêtre catholique du nom de Vasquez, qui remplissait les fonctions de vicaire