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Après avoir entendu Montbrun personnellement et un défenseur officieux, ces juges militaires, l’un après l’autre, déclarèrent unanimement, sur les cinq chefs d’accusation, que Montbrun n’était pas coupable. Leur jugement porte en outre, qu’arrêté illégalement et arbitrairement à Saint-Domingue, il n’a pas moins été illégalement et injustement arrêté en France ; que les droits sacrés de l’homme et du citoyen et le droit imprescriptible de la liberté individuelle ont été violés à son égard ; et cela, en s’appuyant encore de l’opinion d’une commission du conseil des Cinq-cents, adoptée par ce corps[1].

Ajoutons encore que le conseil de guerre a jugé, que la dénonciation de Bauvais et les pièces qui l’appuyaient, n’ont été évidemment que l’ouvrage de la haine, de la mauvaise foi et de la calomnie ; que les rapports de J. Boyé, de Bauvais lui-même, de Marc Borno, de Ricard, sur la prise du Port-Républicain par les Anglais, attestaient tous que Montbrun avait rempli son devoir, et qu’il avait reçu plusieurs blessures d’arme blanche, en défendant le fort Bizoton.

En conséquence, Montbrun fut acquitté et remis en liberté.


Si Montbrun a été acquitté, l’histoire n’est-elle pas dans l’obligation d’accuser à son tour la mémoire de Polvérel, de Sonthonax, de Rigaud, de Bauvais et du Directoire

  1. Il n’est pas étonnant qu’en 1796, le Directoire exécutif agît aussi injustement envers Montbrun, en France. Ce qu’il faisait exécuter à Saint-Domingue, dans cette même année, contre tous les hommes de couleur, par Sonthonax, l’accusateur de Montbrun, nous explique son déni de justice. Quelle leçon donnée aux gouvernemens par ces juges militaires, qui flétrirent ainsi l’arbitraire du Directoire exécutif !