Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/276

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« Ce sont ces hommes que l’on vous a désignés comme les ennemis de la République, et voulant même faire scission avec elle, pour se livrer à des puissances étrangères, qui inspirent cet amour du travail, le respect pour les personnes et les propriétés, et la soumission aveugle aux lois de la République et à tout ce qui est émané légalement de ses délégués. J’ai achevé ma mission. »


On remarquera qu’aucun tort n’a été reproché à Kerverseau personnellement. Rigaud, dans son mémoire, dit de lui :

« Nous lui rendrons la justice que nous jugeons lui être due. Nous croyons qu’il avait des intentions pures ; il n’avait ni anciennes haines à assouvir, ni des vengeances particulières à exercer ; il paraissait propre à maintenir la paix et la cordialité parmi les citoyens : nous le croyons vertueux, mais il était faible ; il se laissa entraîner par les factieux. »

Kerverseau, en effet, s’il a signé le rapport de la délégation avec Leborgne, paraît néanmoins avoir apprécié individuellement les faits de fructidor d’une autre manière ; car nous trouvons dans son rapport au ministre de la marine, que nous avons déjà cité, en date du 7 septembre 1801, qu’il dit en parlant de sa mission aux Cayes : « Je n’ai rien à ajouter au compte particulier que j’ai rendu dans le temps, de nos opérations. L’opinion publique a prononcé, et je n’appellerai point de son jugement. » Cet aveu implique qu’il ne signa le rapport commun avec Leborgne, que par ordre de l’agence, pour répondre à la politique du Directoire exécutif[1]

  1. Dans son rapport précité, T. Raymond dit effectivement que Kerverseau en fit un particulièrement où il relatait les événemens tels qu’ils avaient eu lieu