Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/312

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l’injure faite à son honneur par Leblanc, que celui-ci, lors de sa motion, avait semblé donner crédit au bruit qui circulait alors, que les assassinats du Port-de-Paix étaient suscités par lui, puisque les noirs les auraient commis au cri de Vive Sonthonax !  : ce qui, du reste, n’était pas bien prouvé.

Dans l’irritation produite en lui, Sonthonax se disposait à faire contraindre la Sémillante à partir, en lui tirant des coups de canon, lorsqu’elle mit à la voile. Un tel procédé eût été inqualifiable ; la seule intention manifestée par Sonthonax, d’en agir ainsi à l’égard de son collègue malade, et porté sans doute au délire par la maladie même, a suffi pour accréditer contre lui toutes les imputations que la malveillance a lancées à son égard.

Peu de jours après son départ, Leblanc mourut à bord de la frégate.

Il paraît que peu après, Martial Besse fut envoyé aussi en mission en France, porteur de dépêches de l’agence, réduite à deux membres : il revenait alors du Sud. Sonthonax n’a pas dû ignorer la répugnance éprouvée pour ce général, par T. Louverture, et qu’il manifesta dans une de ses lettres à Laveaux. Bientôt, nous verrons encore éloigner A. Chanlatte, sans doute par le même motif. Ces deux militaires, de même que Villatte, avaient combattu contre T. Louverture, quand il était au service de l’Espagne : il ne savait pas oublier, et Sonthonax faisait tout pour lui être agréable.


Venons à un sujet plus intéressant : examinons ce qui s’est passé en France et à Saint-Domingue, à propos de la représentation de cette colonie.

En achevant la constitution de l’an 3, la convention na-