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Et tous ces ordres passent sous les yeux de T. Louverture ou lui sont communiqués par des lettres en copie afin qu’il les renforce par ses propres instructions. Celles envoyées à Laplume se terminaient ainsi : « Je vous recommande fortement de vous appuyer dans toutes vos opérations sur les conseils du général en chef. Non-seulement comme son subordonné, vous devez exécuter ponctuellement tous ses ordres, mais ses moindres avis doivent être des ordres pour vous. C’est l’homme de la commission ; c’est l’espoir de l’armée et la terreur de nos ennemis. Ecoutez-le, obéissez-lui, et je vous prédis des succès[1]. » Ces instructions furent envoyées ouvertes à T. Louverture pour en prendre lecture. Ce général n’a-t-il pas vu dès-lors le côté faible de Sonthonax, n’a-t-il pas apprécié tous ces ordres contradictoires d’une autorité passionnée ?

Il y en a encore d’autres. Le 16 juillet* Sonthonax écrit à Laplume : « Je ne puis qu’applaudir, mon bon ami, aux motifs qui vous ont déterminé à envoyer des députés aux insurgés (Lafortune et Conflans), concurremment avec Bauvais et Rigaud. Cependant, je vous conseille d’éviter toute espèce de liaison, même momentanée, avec cet homme (Rigaud), qui est évidemment l’auteur des troubles, par l’entremise de Desruisseaux et de Ridoré. »

Il applaudit à l’entente de Laplume avec Rigaud, et il conseille en même temps d’éviter toute espèce de liaison avec lui ! Pour s’entendre, il faut être lié, avoir des rapports ensemble.

Il avait fait envoyer des armes à Laplume ; des fusils

  1. Ces conseils ont bien profilé à Laplume, en effet : il les suivit surtout en 1799.