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gaud défendu par Vaublanc, il m’a cru perdu ; il s’est a lié avec le meurtrier des Français, en m’imputant ses perfidies[1]. »

Cette dernière assertion confirme ce que nous avons dit de la mission de Pelletier, envoyé par Rigaud auprès de T. Louverture, et ce que rapporte Kerverseau dans son rapport, sur la correspondance suivie entre eux. Le mémoire publié par Rigaud, le 5 août, vint sans doute en aide de cette correspondance. Sonthonax ne pouvait pas continuer ses fonctions à Saint-Domingue, en présence de tant de causes, de tant de motifs, concourant tous à son renvoi.

Mais, J. Raymond et T. Louverture eurent-ils raison de lui imputer tous les projets dont ils l’accusèrent ?

« On a osé, dit-il, m’accuser de rêver l’indépendance de la colonie et le massacre général des Européens. On fonde cette imputation sur une prétendue conversation qu’on m’attribue avec T. Louverture. » Et il invoque à ce sujet, deux lettres de ce dernier au ministre de la marine, postérieures à la date donnée à cette conversation, pour prouver que s’il l’avait réellement tenue, T. Louverture n’eût pas fait de lui l’éloge consigné dans ces lettres, à moins qu’il n’eût été son complice.

« Certes, continue Sonthonax, si quelqu’un pouvait être soupçonné de favoriser le système d’indépendance,

  1. N’est-il pas permis de croire, d’après ce passage de son discours, que Sonthonax aura conseillé de dissoudre la coalition de T. Louverture avec Rigaud, en les divisant ? La passion qu’il montra dans sa dernière mission nous y autorise. D’ailleurs, le Directoire exécutif a pu penser lui-même que cette affreuse politique devenait urgente, dans la crainte que l’union des deux généraux, celle des deux branches de la race noire, n’amenât l’indépendance de Saint-Domingue. Son système avait échoué parle désintéressement de Rigaud, qui tendit la main à T. Louverture : le seul moyen de le reprendre en sous-œuvre était de les désunir : de là la mission d’Hédouville.