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qu’il avait la faculté de déporter, selon les circonstances.

Mais l’arrivée d’Hédouville sur un point éloigné, était propre aussi à faire penser à T. Louverture, que cet agent redoutait sa puissance, quoique représentant de la métropole. Il ne fut pas le seul qui le comprît ainsi : les chefs militaires, les citoyens partagèrent sa pensée ; et dès-lors, la puissance d’opinion de l’agent fut amoindrie.

Deux jours après son débarquement à Santo-Domingo, il écrivit à J. Raymond et à T. Louverture pour leur annoncer la mission dont il était chargé. Le surlendemain, il adressa une dépêche au ministre de la marine qui l’informait de son arrivée ; il lui dit qu’il avait appris de Roume, que T. Louverture, Rigaud et Bauvais agissaient de concert pour chasser les Anglais de la colonie. Il partit quelques jours après pour se rendre au Cap, en passant par Saint-Yague où il trouva Kerverseau, commissaire délégué par l’ancienne agence.

Ce dernier, dans son rapport déjà cité, dit que T. Louverture, dès qu’il apprit qu’un nouvel agent allait être envoyé, avait pris des dispositions dans le Nord qui décelaient l’intention de lui résister ; que des batteries avaient été élevées sur divers points de la côte ; que le général Moïse avait fait construire des redoutes dans les mornes de Vallière et qu’on y avait transporté une grande quantité d’artillerie et de munitions ; et enfin, que l’ordre avait été donné au Cap, que si des bâtimens de guerre français paraissaient, on devrait en aviser le général en chef avant de les recevoir. Il ajoute que les frégates n’y furent admises que sur l’autorisation spéciale de J. Raymond.

Kerverseau avoue avoir remis un mémoire à Hédouville, à son passage, pour l’éclairer sur la marche qu’il aurait à