Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/87

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qui peut être libre, et à qui vous avez promis la liberté qu’il défend avec courage, reçoive une nouvelle assurance que vous maintiendrez vos décrets ; que l’homme de couleur ne soit plus avili… »

Il ressort de ces passages du rapport, que la caste coloniale s’agitait en France pour faire revenir la convention nationale sur son décret du 4 février 1794. Si le comité de salut public conclut à son maintien, du moins il exprima une sorte de regret par les réflexions qu’il faisait au sujet de la liberté générale. Ce langage était-il assez positif sur le droit qu’avaient les noirs d’être libres comme tous autres hommes ? N’était-il pas de nature à encourager les intrigues des colons ? Aussi, nous ne nous étonnons pas de ce que nous lisons dans l’introduction générale du rapport de Garran, présenté à la convention nationale trois mois après celui du comité de salut public. Garran y dit :

« L’instabilité des lois sur les colonies, et leur fréquent « changement ont beaucoup ajouté aux maux de Saint-Domingue. Si les législateurs avaient encore le malheur d’être abusés par les trames perfides d’une faction (celle des colons) si dangereusement aveugle ; s’il se pouvait qu’on accueillît le projet coupable de remettre les nègres dans la servitude, Saint-Domingue serait perdu pour la France, et ce serait alors qu’il serait impossible d’éteindre les feux de la guerre civile, et de préserver les blancs de la rage des noirs.  »

1804 prouva cette prédiction sensée !

Nous aurons à offrir, suivant l’ordre chronologique, d’autres faits, d’autres opinions émises dans le sein des assemblées qui remplacèrent la convention nationale, provoquant toujours le rétablissement de l’esclavage dans