Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mandement de la division Debelle. Dugua se rendit par mer à Saint-Marc où était Debelle, blessé à la Crête-à-Pierrot.

En même temps, les généraux Boudet et Pamphile de Lacroix partirent aussi du Port-au-Prince, passant par la montagne du Pensez-y-bien pour descendre aux Verrettes, et de-là se rendre à la Petite-Rivière. Un détachement de cette division passa par la route de Trianon, sous les ordres du chef de brigade D’Henin : ce dernier eut à combattre à Trianon, et chassa les troupes coloniales et les cultivateurs qui occupaient cette position. Parvenu au Mirebalais, déjà incendié par Dessalines, on trouva sur l’habitation Chitry, dans son voisinage, les cadavres de 2 à 300 blancs qu’il y avait fait massacrer : c’étaient, la plupart, ceux emmenés du Port-au-Prince.

Le général Boudet arriva aux Verrettes le 9 Mars. Charles Bélair, qui se tenait dans les montagnes des Matheux, échangea quelques coups de fusil avec cette division. Le bourg des Verrettes avait été incendié par ordre de Dessalines, qui y fît massacrer environ 800 blancs. Ce fut un spectacle douloureux pour les généraux français et toute leur troupe, que de voir ce champ de carnage. Pamphile de Lacroix en parle ainsi :

« Les cadavres amoncelés présentaient encore l’attitude de leurs derniers momens : on en voyait d’agenouilles, les mains tendues et suppliantes ; les glaces de la mort n’avaient pas effacé l’empreinte de leur physionomie : leurs traits peignaient autant la prière que la douleur. Des filles, le sein déchiré, avaient l’air de demander quartier pour leurs mères ; des mères couvraient de leurs bras percés les enfans égorgés sur leur sein. On apercevait des jeunes gens en avant de leurs pères,