Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/117

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Nord, en laissant Dessalines chargé de la défense de la Crête-à-Pierrot. Son but était d’opérer dans ce département, de telle sorte qu’il espérait inquiéter le capitaine-général et l’empêcher de concentrer toutes ses forces sur l’Artibonite. En réussissant dans ce plan, il eût divisé ces forces, et donné à Dessalines le moyen de guerroyer plus longtemps : la guerre eût été prolongée. Mais, avec la poignée d’hommes qu’il emmenait avec lui, il comptait au 24 ou 25 février où il prenait cette résolution, sur la continuation de la résistance que faisait alors Maurepas, sur la reprise des hostilités par Christophe qui, battu à Bayonnet en dernier lieu, était venu le joindre sur l’habitation Couriotte avec le chef de brigade Barada, Européen et ancien commandant de place au Cap, et le chef de brigade Jasmin, commandant de la 2e demi-brigade. Ces officiers retournaient avec lui pour essayer de soulever les cultivateurs. Déjà, le chef de brigade Romain, dans les mornes du Limbe, — Sylla, dans ceux de Plaisance, guerroyaient avec des cultivateurs.

Mais, à peine T. Louverture était-il parti de Couriotte, que Maurepas faisait sa soumission à l’armée française. Cet événement nuisit considérablement au plan de l’ex-gouverneur ; car Maurepas, fidèle à la nouvelle autorité qu’il avait reconnue, seconda Desfourneaux, qui se tenait à Plaisance, en paralysant les efforts de Romain et de Sylla.

Tandis que Christophe et ses deux officiers supérieurs se portaient à la Grande-Rivière, et soulevaient les cultivateurs de tous les quartiers environnans jusque près du Fort-Liberté et du Cap, en inquiétant le général Royer dans cette dernière ville et le contre-amiral Magon dans l’autre, T. Louverture se rendit à Ennery dont la garnison