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plus odieux : bientôt nous en parlerons. Et puis, nous avons déjà fait remarquer que la lettre du Premier Consul à l’ex-gouverneur de cette colonie, contenait des éloges, — « pour avoir fait cesser la guerre civile et avoir mis un frein à la persécution de quelques hommes féroces, pour avoir remis en honneur la religion et le culte de Dieu, et enfin, pour avoir rendu de grands services au peuple français. » La constitution coloniale seule reçut quelques reproches dans cette lettre ; et encore, T. Louverture fut-il excusé — « par les circonstances où il s’était trouvé, environné d’ennemis sans que la métropole pût le secourir. »

Tous les faits antérieurs à l’apparition de la flotte se trouvaient donc, sinon approuvés, du moins amnistiés par le chef du gouvernement consulaire. Il n’était pas juste d’y revenir pour accuser de nouveau le prisonnier détenu au fort de Joux[1].

En droit et en raison, il n’avait à répondre que de sa conduite depuis sa soumission au général Leclerc ; car le capitaine-général, en obtenant cette soumission, avait rapporté la disposition de son arrêté qui le mit hors la loi. La lettre qu’il lui adressa à cette occasion, lui disait : « Vous, les généraux et les troupes sous vos ordres, ainsi que les habitans de cette colonie qui sont avec vous, ne craignez point que je recherche personne sur sa conduite passée.  » Cela impliquait une amnistie des faits qui avaient eu lieu jusqu’au 3 mai, date de cette lettre. Il est vrai qu’elle contenait aussi cette phrase : « Je jette

  1. Il est entendu que nous raisonnons ainsi au point de vue de la France elle-même, de la justice qu’elle devait à T. Louverture, qui avait réellement servi ses intérêts ; mais nous réservons les reproches que la race noire avait le droit de lui faire.