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Maurepas, il avait passé à l’état-major du capitaine-général qui l’autorisa cependant à résider au Port-de-Paix. En prenant les armes, il le fit de concert avec Nicolas Louis, qui abandonna Maurepas. Lorsqu’il évacua le Grand-Fort, Etienne Bauvoir, Jacques Louis et Alain, deux frères de Nicolas Louis, tous officiers de la 9e, saisirent ce moment pour aller joindre leur ancien camarade d’armes du même corps.


Cette défection servit de prétexte à Brunet pour opérer, quelques jours après, l’arrestation de Maurepas, de Bodin, de René Vincent et de nombre de militaires de la 9e qu’il voulut bien soupçonner de connivence avec les insurgés ; la plupart furent noyés dans la rade du Cap. Mais comme la défection de Capois ne s’effectua que dans les derniers jours de septembre, il est convenable de rapporter ici le projet que ce général nourrissait auparavant contre Maurepas, et qui est produit dans une lettre de lui à Leclerc : elle fut écrite du Gros-Morne, avant l’insurrection de Capois, et alors que Brunet appelait Maurepas auprès de lui, pour l’aider contre les insurgés de cette commune. Cette lettre est du 20 septembre ; la voici :

« Ne croyez pas, mon général, que j’aie en Dessalines une confiance aveugle ; je sens que vous avez besoin de lui, et que si vous n’aviez pas un homme de sa trempe et de son caractère, il faudrait en chercher ou enformer un, afin de tout terminer (exterminer s’entend mieux) dans la colonie : voilà mon opinion sur son compte. Il a mis en moi toute sa confiance, et son appui près de vous. Je lui ferai tout faire : il a beaucoup d’amour-propre ; il aime son pays, il veut la liberté, ou ce qu’il croit être la liberté de sa couleur (des noirs) : le mot es-