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et du Mirebalais étaient aussi en possession des Français, ainsi que le Grand-Goave, le Petit-Goave et tout le Sud. Le général Desbureaux, qui était aux Cayes, nommé inspecteur-général des troupes, quitta cette ville aux ordres de Laplume pour se rendre au Cap, mais dans le courant de novembre.

Le général Kerverseau se tenait toujours à Santo-Domingo. Toute la partie de l’Est était restée paisible depuis l’arrivée de l’expédition : 15 à 20 mille noirs ne furent pas un obstacle ; ils n’avaient rien à démêler avec les Français, non plus que les autres habitans.

18,000 hommes étaient morts ou de maladie, ou dans les combats, environ 8,000 étaient dans les hôpitaux. Près de 8,500 restaient encore, disséminés sur toute la surface de Saint-Domingue[1].

Dans cette situation, le capitaine-général publia la proclamation suivante :

Au quartier-général du Cap, le 28 vendémiaire an XI (20 octobre).

Le général en chef, capitaine-général,

Aux habitans de Saint-Domingue.

Une insurrection inouïe a été commise. Des lâches comblés des bienfaits du gouvernement ont abandonné leurs postes pour se rendre aux rebelles ; ils ont osé attaquer la capitale de la colonie ; et déjà ils avaient calculé le pillage qu’ils devaient faire et désigné les victimes qu’ils devaient immoler[2]. Ils ont été trompés dans leurs criminelles espérances. Tous les citoyens sont devenus soldats ; ils se sont réunis aux braves de l’armée de Saint-Domingue, et les rebelles ont été repoussés avec une perte considérable.

  1. Nous donnons ces chiffres d’après des documens officiels. P. de Lacroix s’est trompé en portant celui des morts à 24,000 hommes, et celui des combattans seulement à 2 mille et quelques cents, sur toute la surface de Saint Domingue. T. 2, p. 239.
  2. Le pillage qu’enviaient ces lâches était celui des bouches à feu : les victimes qu’ils devaient immoler arrivèrent sans accident au Cap, par leurs soins généreux. Et que devinrent les 1200 hommes de la 6e ?…