Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/316

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l’autorité de Sans-Souci : c’était une nécessité de sa position et que commandait la défense commune. Il ne tarda pas à faire une tentative du côté de Monte-Christ ; il fut repoussé par la population de ce quartier, aidée d’une partie des mêmes soldats de la 77e demi-brigade que, peu avant, il avait retiré du fort Delpuech.


En quittant le Cap, Dessalines avait passé à Plaisance et au Gros-Morne. Dans cette dernière commune il rallia Paul Prompt et Magny qui avaient soulevé les cultivateurs. Rendu dans la plaine des Gonaïves, près de cette ville, il vit le général Vernet qui en commandait l’arrondissement, et lui donna ses instructions pour agir contre les Français, d’accord avec les insurgés sous les ordres de Cornus et de Julien Labarrière, dès que lui-même aurait enlevé la Petite-Rivière et la Crête-à-Pierrot. Passant un instant aux Gonaïves, il apprit d’un homme de couleur nommé Simon Duvrai, que l’adjudant-général Huin avait l’intention de l’arrêter. Il fut audacieusement s’en plaindre à lui-même : Huin prétendit le contraire, et Dessalines sortit de la place. Se dirigeant à la Petite-Rivière, il fit réunir des cultivateurs sous les ordres de Cottereau, ce noir qui s’était trouvé avec lui à la Crête-à-Pierrot, afin de l’assister dans son entreprise.

En entrant à la Petite-Rivière, il y trouva le chef de bataillon Andrieux qui commandait ce bourg et le fort de la Crête-à-Pierrot, ayant avec lui quelques centaines d’hommes de troupes françaises. Cet officier avait l’ordre de l’arrêter s’il s’y présentait, car on savait déjà la prise d’armes du Haut-du-Cap. On était alors au dimanche 17 octobre. Un mulâtre de ce bourg, nommé Saget, avait appris ces dispositions, et il l’en avertit.