Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/320

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rétablit le combat en prenant un des drapeaux qu’il planta sur les remparts ; ses soldats le suivant, les Français furent acculés à la mer : il était nuit. Ils finirent par évacuer la place en s’embarquant sur les navires qui étaient dans le port. Huin ne leva pas l’ancre sans faire canonner les indigènes.

Dessalines, qui avait été retardé dans la route par un excès de fatigue, arriva alors aux Gonaïves. Là, il reçut une lettre du général Quentin qui lui disait : « Qu’il avait appris son insurrection contre les Français, mais qu’il ne pouvait ajouter foi à une telle nouvelle, ne pensant pas qu’il pût tenir une conduite aussi opposée à ses vrais intérêts et à ceux de ses frères.  »

Dessalines lui répondit : « J’ai arboré l’étendard de la révolte, parce qu’il est temps d’apprendre aux Français, qu’ils sont des monstres que cette terre dévore trop lentement pour le bonheur de l’humanité. Fai pris la Petite-Rivière et les Gonaïves, demain je marche contre Saint-Marc[1]. »


C’est aux Gonaïves, où T. Louverture fut embarqué, où son brave lieutenant proclama l’indépendance de son pays de la France, que le hasard l’amena à faire cette réponse !

Le gant avait été jeté à toute la race noire : il venait d’être relevé avec énergie et fierté, à trois jours d’intervalle, par deux de ses vaillans défenseurs. Au Haut-du-Cap, — à une lieue de cette ville où commença, six ans auparavant, l’injuste système de réaction perfidement conçu pour amener la ruine commune des deux branches

  1. Mémoires de Boisrond Tonnerre.