Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/326

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sur le vaisseau le Swiftshure, et qu’elle serait accompagnée du médecin Peyre et de ses aides de camp.

Nous admirons cette force morale dans un homme, un chef qui se sent mourir et qui pourvoit ainsi à la sécurité du pays et de l’armée qui ont été confiés à son commandement ; mais quel legs ce testament militaire et politique faisait à la colonie de Saint-Domingue, en désignant Rochambeau pour y succéder ! Nous le disons ainsi au point de vue de la France elle-même ; car si, d’un côté, il avait toute la vigueur nécessaire pour prendre les rênes du gouvernement colonial, de l’autre, il était celui des généraux français qui pouvait le mieux inspirer aux indigènes le désir de se séparer de la France. Au reste, cette résolution était déjà prise par les chefs qui venaient de se prononcer : peu importait donc que ce fût Rochambeau ou tout autre à sa place. Probablement, il était le plus ancien des généraux de division après Leclerc.

On lit dans Pamphile de Lacroix : « Peu avant sa mort, il exprima des regrets sur les faux erremens qui avaient dirigé les conseils du gouvernement dans le but de son a expédition. Il gémit d’une entreprise faite sur des hommes et par des hommes dignes d’un meilleur sort, a à raison des services qu’ils avaient déjà rendus et qu’ils auraient pu rendre encore à la France. Ces regrets furent touchans. »

Il y a lieu de croire à la véracité de ces paroles, quandon a vu que d’autres regrets, suscités par un sentiment de justice qui honore la mémoire d’un haut personnage, ont été exprimés à ce sujet sur une île, en face de l’Afrique et de ses enfans. Abjurons donc aussi tout ressentiment envers la mémoire du général Leclerc : un cert-