Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/335

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Dans les deux époques précédentes, nous avons flétri ceux que nous nous sommes cru en droit de reprocher aux fureurs injustes de Toussaint Louverture ; mais de quel terme nous servirons-nous pour vouer à l’exécration de la postérité les faits imputables à Rochambeau, sorti d’un pays civilisé dont les mœurs sont si douces, dont les instincts sont si généreux ? Impuissant à trouver le terme le plus convenable, nous nous efforcerons de les stigmatiser, pour imprimer à sa mémoire la honte qu’il encourut par la noirceur de son âme.

Et qu’on ne croie pas que le sentiment national nous égare dans la sévérité de notre langage ; car nous aurons à produire des actions abominables de cet homme, même au détriment de ses propres compatriotes. Sa conduite fut telle, qu’elle fit naître l’idée d’une conjuration parmi des généraux français dont le but était de l’arrêter et de le déporter en France[1].

Toutefois, rendons justice à ses talens militaires, à son activité, son courage, sa bravoure, son énergie. Dans les circonstances où il prit les rênes du gouvernement colonial, il fit preuve de toutes ces qualités pour répondre à ce qu’elles exigeaient de lui ; il continua de les montrer jusqu’à la fin, mais aussi il montra tous les vices qui les ternissaient.

Il se rendit au Cap le 17 novembre. Le 19, de nouvelles

    prisonniers ; — cruels, quand ils leur font endurer des tourmens horribles ; « — féroces, quand ils dansent autour de leurs bûchers. » Dict. des synonymes, par M. Guizot.

    Rochambeau agit comme les sauvages : on verra ce qu’il fit à Saint-Domingue, dans la plénitude de sa puissance.

  1. Dans mon entretien avec le digne maréchal Clauzel, à Maisons-Lafitte, il me parla de cette conjuration dont il était le chef, et le général Thouvenot le complice.