Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/413

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les ordres de Kerverseau, venaient au secours de ce bourg du côté de Las Caobas, il détacha Gabart qui les battit et les refoula dans la partie espagnole. Alors, Dessalines fît attaquer les forts du Mirebalais. Après avoir repoussé les assauts des indigènes, Luthier et David-Troy opérèrent courageusement l’évacuation dans la nuit, en passant par les Grands-Bois, où un colon, nommé Viet, commandait un poste : tous ensemble se retirèrent à la Croix-des-Bouquets.

Ces faits eurent lieu dans les premiers jours de juin. Ne trouvant plus d’obstacles, Dessalines fît passer son armée par la route du Fond-au-Diable pour descendre au Cul-de-Sac. Par cette route, on découvre toute cette plaine qui était encore comme un tapis de verdure, — la plus grande partie des cultivateurs se livrant à la culture des cannes et étant soumis aux Français qui y avaient beaucoup de postes. D’un coup-d’œil, le général en chef jugea du parti qu’il fallait prendre dans la circonstance, pour dégoûter l’ennemi qu’il allait combattre. Toute sa théorie révolutionnaire se résumait en ces deux idées : coupé têtes, brûlé cazes, c’est-à-dire, couper les têtes, brûler les maisons ; ou, plus succintement, tuer et incendier. L’incendie du Cul-de-Sac fut dès-lors résolu dans sa pensée, et bien entendu, guerre à mort aux Français.

Sur l’habitation Lassère, vers le nord-est de la Croix-des-Bouquets, était un blockhaus : il le fit attaquer et enlever. La garnison, faite prisonnière, fut immolée : c’était le premier acte. Mais Dessalines ordonna à ses troupes d’épargner tout noir ou mulâtre qui serait pris parmi les blancs, attendu qu’on devait considérer ces indigènes comme égarés ou contraints de servir. Le lendemain, un