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bourg pour le Port-au-Prince : cette ville se ravitaillait ainsi de vivres plusieurs fois par semaine. En s’en emparant dans la savane Oblond, voisine de la Croix-des-Bouquets, les troupes indigènes se livrèrent au pillage. Lux avait entendu la fusillade qui eut lieu entre le détachement du convoi et les indigènes : il sortit aussitôt du bourg avec une partie de la 5e et deux pièces d’artillerie légère. Après un rude combat, où Gabart fut dangereusement blessé, Lux chassa les indigènes qui retournèrent en désordre à Moquet. Dessalines quitta ce point et se porta de nouveau au camp Frère.

Là, il s’occupa de l’organisation des 11e et 12e demi-brigades, en nommant Frontis colonel du premier de ces corps, et Germain Frère colonel du second. Des chefs de petites bandes occupèrent différens postes aux environs du Port-au-Prince.


On ne concevrait pas l’inaction de Rochambeau dans cette ville, pendant que Dessalines faisait incendier la plaine du Cul-de-Sac, et que Lux seul combattait contre ses troupes, si l’on ne savait que dès le milieu de mai la fièvre jaune avait reparu de nouveau parmi les Français : l’hôpital du Port-au-Prince était encombré de malades qui périssaient comme en 1802[1].

Aussi, dans son Histoire de France, Bignon, expliquant les causes de l’insuccès de l’expédition contre Saint-Domingue, et attribuant aux Anglais une influence qu’ils n’ont pas eue sur l’insurrection des indigènes, a-t-il dit que cet insuccès a été occasionné « par la fièvre jaune et l’influence anglaise, deux pestes.  » Pour être dans le vrai, il au-

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