Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/447

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans la même journée, après deux sommations suivies de dispositions d’attaque, la garnison du blockhaus de Damiens, forte de 100 hommes, se rendit à discrétion. Il en fut de même de celle de Santo, de 80 hommes.

Apprenant alors que deux cents autres qui étaient à la Croix-des-Bouquets, avaient pris la route de la partie espagnole, Dessalines les poursuivit fort avant dans la nuit avec un détachement de dragons. Ne pouvant les atteindre, il revint prendre possession de ce bourg, et il trouva beaucoup de munitions dans l’arsenal.

« Je passai à la Croix-des-Bouquets, dit le journal de campagne, les journées des 19, 20 et 21 septembre, et m’y occupai à pourvoir aux soins des blessés, et au sort des prisonniers français que je fis partir pour l’Arcahaie, au nombre de 400. »

Voilà ce qui fut écrit pour l’histoire déguisée ; mais la véritable histoire a à constater qu’après leur avoir promis qu’ils seraient bien traités, Dessalines donna l’ordre à l’officier qui les conduisait, de les massacrer dans la route, « Quoi ! s’écria l’adjudant-général Bonnet qui était à ses côtés, vous oubliez donc, général en chef, votre parole d’honneur ? — Taisez-vous, Bonnet, répondit Dessalines : ne savez-vous pas que depuis la révolution, il n’y a plus de parole d’honneur ? [1] »

Ce sont là d’affligeantes paroles, que pour l’honneur de Dessalines, nous aurions aimé à ne pas être obligé de transcrire. Sans doute, il pouvait citer de semblables faits dans le parti contraire, de la part de certains hommes ; mais notre devoir est de les condamner tous ; car ils reposaient sur de détestables principes, ou plutôt sur

  1. Histoire d’Haïti, t. 3, p. 70.