Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 5.djvu/76

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de T. Louverture et de son lieutenant avait été inintelligent et contraire aux noirs. Dessalines avait raison de leur dire que l’armée française venait dans l’intention de rétablir réellement l’esclavage, et qu’ils devaient s’armer pour la combattre ; mais, comme lui et son chef n’avaient fait autre chose par les règlemens sur la culture, par leur exécution barbare, leurs frères devenaient sourds à leur voix, en espérant mieux des agens de la France.

Ainsi, les chefs d’un pays quelconque doivent donc gouverner leurs semblables d’après les règles de la justice, et non en les violant ! C’est en identifiant les populations au sort de leur gouvernement, qu’ils peuvent et doivent espérer d’en être soutenus au jour du danger. Certes, la dépendance de Saint-Domingue envers la France devait contribuer à ce résultat, par l’espoir qu’on mettait généralement dans la protection de la métropole ; mais on a vu aussi plus d’une fois, dans l’histoire des nations, que dans une guerre purement étrangère, le peuple abandonne son gouvernement despotique, pour accepter le joug de l’étranger qui paraît lui offrir au moins du repos.


Après l’occupation de la Croix-des-Bouquets, le général Boudet n’avait pas tardé à envoyer prendre possession aussi de l’Arcahaie, par un détachement sous les ordres du colonel Valabrègue. À son approche, Charles Bélair évacua ce bourg après l’avoir incendié ; et il contraignit les blancs à le suivre dans les montagnes des Matheux. Laraque, qui commandait la place, fut bientôt assassiné par quelques individus dont il avait lui-même assassiné les parens en 1799. Le temps des vengeances était arrivé, et chacun en profitait.

D’autres détachemens furent envoyés dans les mornes