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94 THEATRE D'ARISTOPHANE.

vas me perdre, s'il faut que Jupiter m'aperçoive ici. Mais afin que je te dise tout ce qui se passe là-haut, prends-moi ce parasol et tiens-le élevé sur ma tête, de manière que les dieux ne puissent me voir.

PISTHÉTÉRUS.

Ah, que cela est bien imaginé! Voilà un expédient digne de Prométhée. Allons, vite; mets-toi là-dessous, puis parle-moi hardiment.

PROMÉTHÉE.

Çà, maintenant, écoute-moi.

PISTHÉTÉRUS.

Parle, on t' écoute.

PROxMÉTHÉE.

C'est fait de Jupiter. Il est perdu.

PISTHÉTÉRUS.

Hé, depuis quand ?

PROMÉTHÉE.

Depuis que vous avez bâti votre ville en l'air. Car il n'y a pas un homme qui fasse à présent le moindre sacrifice aux dieux, et il ne nous est pas monté au nez depuis ce temps-là une seule prise de fumée, de ces fumées déli- cieuses qui s'exhalent des victimes rôties. En un mot, la disette des sacrifices est effroyable, et nous sommes obli- gés de jeûner comme aux fêtes de Cérès. Les dieux bar- bares enragent. Pressés par la famine, comme les Illy- riens, ils grincent les dents, et du haut de leurs mon- tagnes ils menacent Jupiter de lui faire la guerre, s'il ne trouve le moyen d'ouvrir les ports et de déboucher les passages par oii ils puissent faire venir les entrailles des victimes.

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