Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/19

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PISTHÉTÉRUS.

Non, elle répète ce qu’elle disait auparavant-

ÉVELPIDE.

Hé bien, quoi ?

PISTHÈTÉRUS,

Hé que veux-tu qu’elle dise, sinon qu’à la fin elle m’avalera les doigts?

EVELPIDE.

N’est-ce pas une chose étrange que roulant aller aux corbeaux * et travaillant pour cela nous ne puissions y parvenir ?

Car enfin, ô citoyens, vous saurez que nous sommes tourmentés d’une maladie contraire à celle de Sacas. Sacas n’est point Athénien, et veut l’être h toute force. Pour nous, grâce au ciel, nous sommes Athéniens et même d’assez bonne famille et d’une tribu considérable. Personne ne nous dispute cet honneur. Cependant nous dénichons, nous nous envolons de notre patrie. Ce n’est après tout ni l’aversion, ni le mépris, qui nous la fait quitter. La ville d’Athènes est certainement une des cités les plus grandes et les plus opulentes du monde. Mais on y perd tout son bien à plaider continuellement. Les cigales ne passent qu’un mois ou deux à chanter sur les figuiers. Les Athéniens passent toute leur vie à gazouiller, perchés sur les procès. Voilà pourquoi nous avons entrepris ce long voyage. Une corbeille, une cruche et quelques branches de myrthe, c’est tout le bagage que nous emportons avec nous, résolus d’errer jusqu’à ce que nous ayons trouvé un séjour où nous puissions passer le reste

  • Expression grecque qui correspond à la locution française aller au diable.