Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/302

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Bacchus.

Tu ne pourras donc pas te taire, si tu sens une fois les intestins ?

Le chœur.

Excite les torches enflammées que tu apportes, en les agitant dans tes mains, ô Iacchus, lumière éclatante des nocturnes mystères. La prairie est éclairée de mille feux ; les vieillards retrouvent leurs jambes ; ils dissipent les ennuis d'un grand âge, et oublient leurs vieux ans, pour être admis à prendre part à nos solennités. Allons, porte-flambeau, viens à la tête de la bondissante jeunesse, sur cette plaine couverte de rosée et émaillée de mille fleurs.

Que le silence le plus parfait règne ici : que cette enceinte soit abandonnée à nos chœurs, par quiconque n’est point au fait de ces chants, ou n'a point le cœur pur, ou n'a point encore vu les orgies des Muses et n’a été ni admis aux danses, ni même initié aux mystères de la langue bachique du taurophage Cratinus ; par quiconque se plaît à des propos bouffons, qui excitent un rire indécent, ou n'arrête point les cruels effets d’une sédition, et n'est point accessible à ses concitoyens, mais qui les anime au contraire et les irrite dans la vue de son propre intérêt ; par quiconque, commandant d'une ville en proie à toutes sortes de fléaux, se laisse corrompre par les présents, ou livre une forteresse ou des vaisseaux, ou, comme un autre Thorycion, cet odieux collecteur des vingtièmes, exporte des marchandises prohibées d’Égine à Épidaure, telles que du vin, du lin et de la poix ; ou détermine un capitaliste à prêter son argent aux ennemis pour construire des vaisseaux ; ou souille les images d'Hécate, en assistant à des chœurs dithyrambiques ; ou par tout rhéteur qui recueille, pendant la célébration des bacchanales, la ré-