Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/315

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Éaque.

J’avoue que c’est affreux et insupportable.

Xanthias.

Oui, par Jupiter, je veux mourir si jamais je suis venu en ces lieux, ou si je t’ai volé la valeur d’un fétu, et je veux t’en donner une preuve éclatante : prends cet esclave, fais-lui subir un interrogatoire, et si tu me trouves des torts, envoie-moi au supplice[1].

Éaque.

Quelle sorte de question lui ferai-je subir ?

Xanthias.

Toutes sortes. Lie-le à une échelle, suspends-le, déchire-le de coups, tourmente-le ; bien plus, mets-lui du vinaigre sous le nez, applique-lui des briques brûlantes, fais-lui souffrir tous les autres tourments, mais ne le frappe pas avec des poireaux ni avec de l’ail frais[2].

Éaque.

Fort bien. Mais si j’estropie ton esclave, faudra-t-il le payer[3] ?

Xanthias.

Tu ne me devras rien ; mets-le à la torture.

Bacchus.

Pour qu’on ne me fasse aucune torture, je déclare que

  1. Voilà les traces d’un usage barbare, reçu parmi les Athéniens. Les maîtres offraient en leur place leurs esclaves pour subir la question.
  2. C’était un châtiment à l’usage des enfants.
  3. Tout homme qui demandait à tort à faire subir la question à un esclave, payait au maître de l’esclave les dédommagements qui lui étaient dus.