Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/335

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Euripide.

Non, par Apollon ! C’était une preuve de mon désir de plaire.

Bacchus.

Tiens, mon cher, passons sur cet article. La querelle ne tournerait pas à ton avantage.

Euripide.

Je leur ai, de plus, appris à bien parler.

Eschyle.

J’en conviens. Mais, que n’es-tu mort auparavant !

Euripide.

Je leur ai montré l’usage des règles les plus raffinées, les labyrinthes de l’expression, l’art d’observer, de voir, de comprendre, de manier l’acteur, de mener une intrigue, d’imaginer et de trouver tout ce que l’on veut.

Eschyle.

J’en conviens.

Euripide.

En mettant dans la bouche de mes interlocuteurs tout ce qui tient à la vie privée, à nos usages et à nos habitudes, j’eusse pu m’attirer bien des critiques, parce que j’étais à la portée de mes auditeurs, qui se seraient aisément aperçus de mes fautes. Je ne me suis point attaché à un pompeux clinquant propre à embrouiller les idées des spectateurs ; je ne cherchais pas à les effrayer en leur représentant des Cycnus et des Memnons poussant vivement des chevaux dont les colliers étaient chargés de clochettes[1]. Les personnages d’Eschyle sont un Phormi-

  1. Aristophane ne fait qu’un mot de tout ce qui se lit depuis poussant inclusivement. Mais ce mot fait image, et peint ce fracas pompeux d’expressions qu’il reproche à Eschyle.