Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/449

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peu près épuisées[1] ; mais je voulais savoir si le fils unique que j’ai, doit changer de conduite et devenir fourbe, injuste, scélérat, attendu que c’est, à ce qu’il me semble, le moyen d’être heureux.

CARION.

Que t’a donc répondu ce dieu, du milieu de ses couronnes ?

CHRÉMYLE.

Écoute. Voici ce qu’il m’a dit fort clairement ; il m’a ordonné d’aborder, au sortir de chez lui, le premier homme que je rencontrerais, de ne le pas quitter un moment et de lui persuader de me suivre chez moi.

CARION.

Quel est donc le premier homme que tu as rencontré ?

CHRÉMYLE.

Celui-ci.

CARION.

Ô le plus gauche des hommes, tu n’entends pas mieux que cela l’esprit de l’oracle, qui te dit fort intelligiblement d’élever ton fils à la mode de son pays.

CHRÉMYLE.

Qui te fait croire cela ?

CARION.

Mais un aveugle verrait, à ne pas s’y tromper, qu’on ne gagne rien aujourd’hui à être honnête homme.

CHRÉMYLE.

Il n’est pas possible que ce soit là le sens de l’oracle ;

  1. Métaphore, remarque Suidas, tirée des personnes qui ont épuisé les flèches de leur carquois. C’est le propos des vieillards, pour exprimer qu’ils n’ont plus longtemps à vivre.