Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/479

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LE CHŒUR.

Mais il est temps que vous travailliez à la vaincre, n’employez donc contre elle que de bonnes raisons, ne badinez point ; gardez-vous de mollir en rien.

CHRÉMYLE.

Il me semble, pour moi, que tout le monde voit manifestement qu’il est juste que les gens de bien soient heureux et qu’au contraire les scélérats et les athées soient misérables. Désirant donc qu’il en soit ainsi, nous avons enfin trouvé, pour en venir à bout, un moyen honnête, généreux et tout à fait sûr. En effet, si Plutus recouvre la vue et qu’il ne marche plus à tâtons, il ira infailliblement chez les gens de bien, il ne les abandonnera point et il fuira les méchants et les impies. Ainsi, il fera que tout le monde aura de la vertu, de la piété et des richesses. Peut-on imaginer rien de plus beau et de plus avantageux pour les mortels ?

BLEPSIDÈME.

Non, certes. Je suis de ton avis, ne l’interroge pas davantage.

CHRÉMYLE.

À voir la manière dont les choses sont disposées ici-bas, qui ne trouvera pas que la vie est une fureur ou plutôt une rage ? La plupart des hommes, quoique scélérats, ont des richesses immenses que leurs crimes leur ont acquises, et beaucoup d’autres, quoique très honnêtes gens, sont malheureux, n’ont pas de pain et sont obligés de passer la majeure partie de leur vie avec toi.

LE CHŒUR.

Oui, si Plutus peut voir un jour, il saura le moyen