LE SYCOPHANTE.
Oui, sans doute, si l’on veille à maintenir les lois, à ne pas souffrir qu’on les viole impunément.
CHRÉMYLE.
C’est donc en vain que la ville a établi des magistrats ?
LE SYCOPHANTE.
Qui donnera les noms des délinquants ?
CHRÉMYLE.
Qui voudra.
LE SYCOPHANTE.
Eh bien, c’est moi ; c’est donc sur moi que roulent toutes les affaires de la république.
CHRÉMYLE.
Par ma foi, la ville a trouvé là un diabolique procureur ! Mais ne préférerais-tu pas vivre en repos et sans rien faire ?
LE SYCOPHANTE.
C’est vivre en bête que de n’avoir aucune occupation.
CHRÉMYLE.
Et tu ne voudrais pas changer de vie.
LE SYCOPHANTE.
Non, assurément, quand vous me donneriez Plutus lui-même et le silphium de Battus[1].
CHRÉMYLE.
Quitte-moi donc tout de suite ton habit.
- ↑ Les Cyrénéens offrirent du silphium à Battus, fondateur de Cyrène, comme la chose la plus précieuse ; on frappa même des pièces de monnaie avec l’effigie de Battus d’un côté et du silphium de l’autre. De là le proverbe : le silphium de Battus. (brottier.)