Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/142

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la logique telle qu’il la concevait. Il alla même jusqu’à essayer de réduire les catégories, de refaire les figures du syllogisme et de les compléter en y ajoutant de nouveaux modes. Mais Leibnitz, qui, en publiant le pamphlet de Nizzoli contre Aristote, avait voulu prouver qu’Aristote n’était pas irréconciliable avec la science moderne, demandait toujours à la logique cette utilité pratique que Locke lui refusait avec tant de raison. C’est que Leibnitz, bien qu’il admirât Descartes, ne fit presque pas usage de sa méthode, et qu’ici en particulier, il ne vit pas que c’était cette méthode seule qui pouvait donner, dans la mesure de la faiblesse humaine, cette infaillibilité que la logique ne recelait pas. Mais le préjugé venu de la Scholastique était si puissant qu’un esprit tel que celui de Leibnitz le subissait encore, même après que Descartes l’avait renversé de fond en comble. La logique était toujours, pour l’adversaire de Locke, non point une science, mais un art, comme pour les logiciens de Port-Royal, moins excusables puisqu’ils étaient des disciples encore plus directs du réformateur. C’était une erreur du beau génie de Leibnitz ; mais cette erreur même eut une très-heureuse influence ; et dans ce siècle où l’étude de la logique devait à peu près périr, l’autorité de Leib-