Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/306

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les choses qui les reçoivent seraient elles-mêmes affectées en rien ; car le miel, non plus que telle autre chose de ce genre, n’est pas appelé doux, parce qu’il est affecté d’une certaine façon ; la chaleur, le froid ne sont pas appelés qualités affectives, parce que les corps qui reçoivent ces qualités éprouvent eux-mêmes une modification d’un certain genre. Mais elles sont dites qualités affectives, parce que relativement aux sensations qu’elles nous donnent, chacune de ces qualités produit une affection particulière ; ainsi la douceur cause une affection sur le goût, la chaleur sur le toucher, et de même pour les autres. § 11. La blancheur et la noirceur, en un mot les couleurs, ne sont pas appelées qualités affectives dans le même sens que les qualités précédemment nommées ; mais c’est parce qu’elles proviennent elles-mêmes d’une affection. Il est évident en effet que souvent des affections produisent des changements de couleurs. La honte fait rougir, la crainte fait pâlir, et ainsi du reste. Que si l’on vient à éprouver une de ces affections par suite de causes toutes naturelles, on doit prendre alors aussi une couleur semblable ; car la disposition qui se produisait à l’occasion de la honte dans les éléments du corps, peut bien être produite identiquement par un tempérament naturel, de sorte qu’une couleur du même genre soit causée par la nature.

§ 12[1]. Toutes les modifications analogues qui prennent

  1. Permanente et invariable, Comme celle que la nature nous donne dès notre naissance et qui persiste durant notre vie entière. — Une chaleur brûlante, Comme pour les peuples du Midi. — Ce sont donc là des affections, Aristote distingue donc ici trois degrés : 1° les qualités affectives, qui viennent de la nature même, et qui font partie du tempérament : elles sont dès l’origine et persistent sans cesse : 2° les qualités affectives qui ne sont pas naturelles, mais qui sont en quelque sorte acquises par suite d’un accident ou d’une longue habitude ; elles sont permanentes d’ailleurs comme les premières, ou ne peuvent que très difficilement disparaître : 3° les affections qui sont flottantes, passagères, et qui ne laissent pas de traces durables.