Page:Aristote (trad. Barthélemy-Saint-Hilaire) - Logique, tome 1, Ladrange, 1844.djvu/95

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appelle l’induction (Derniers Analytiques, liv. ii, ch. 19, § 7, à la fin). C’est l’induction qui nous donne les principes, en aidant l’entendement à élever les faits particuliers jusqu’à la hauteur d’une notion universelle. Mais comme c’est la sensibilité seule qui nous révèle les faits particuliers, Aristote n’hésite pas à dire que « c’est de la sensation uniquement que vient la connaissance des principes. » Les principes ne naissent pas spontanément en nous, et encore moins sont-ils innés dans l’âme, comme Platon l’avait toujours soutenu ; et la preuve, c’est que nous ne les connaissons pas avant que la sensation ne les ait formés ; et qu’il serait également absurde, et de penser que, tout en ayant ces principes en nous, nous les ignorons cependant, et de penser que nous les tirons d’autres principes plus notoires, sans qu’il y ait de limite à cette génération de principe par des principes.

Tels sont les traits les plus saillants de la théorie de l’universel dans Aristote. Est-elle suffisante ? et quel en est le vrai caractère ? On ne peut pas dire que cette théorie soit purement sensualiste ; car, en voulant tirer tout de la sensation, Aristote n’en fait pas moins une part très spéciale à cette faculté de l’intelligence qu’il appelle l’entendement. Il n’en donne pas moins à