Page:Aristote - Histoire des animaux - traduction Jules Barthélemy Saint-Hilaire.djvu/177

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aveugle, commettre une imprudence inouïe, que le scepticisme n’a jamais dépassée dans ses paradoxes les plus audacieux ?

Si la nature n’a pas de but, si elle n’a aucun sens, la vie de l’homme, c’est-à-dire notre vie, en a bien moins encore. La soi-disant philosophie positive, en détruisant toute notion de fin dans la nature, la détruit du même coup dans l’être humain. Notre existence morale et intellectuelle n’a pas plus de signification que notre existence animale. L’homme n’a pas de destinée : les sociétés qu’il forme n’en ont pas davantage : l’humanité est anéantie dans les individus aussi bien que dans les peuples : il ne reste plus en nous que la brute, un peu plus raffinée que les autres, mais, tout aussi fatalement qu’elles, livrée sans frein à tous ses appétits et à toutes ses passions les plus furieuses. Aristote n’est pas coupable d’une telle faute : et en même temps qu’il reconnaît des fins dans la nature, il donne aussi à la vie de l’homme le plus noble prix. Il en assigne le but suprême, comme l’avaient fait avant lui, mieux que lui peut-être, son maître Platon, et Socrate, leur commun inspirateur. C’est que tout se tient dans ces idées de causes