Page:Aristote - Histoire des animaux - traduction Jules Barthélemy Saint-Hilaire.djvu/419

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des dents carnassières n’a aucun de ces deux organes, ni cornes, ni dents en saillie. Dans la plupart des animaux, ce sont les dents de devant qui sont aiguës ; celles du dedans sont larges. Le phoque a toutes ses dents carnassières, sans doute à cause de sa ressemblance avec les poissons, qui presque tous ont les dents en scie et carnassières.

§ 15[1]. Aucune de ces deux espèces n’a une double rangée de dents. Cependant, à en croire Ctésias, il y en aurait une ; car il prétend que, dans les Indes, il y a un animal sauvage, nommé Martichore, pourvu de trois rangées de dents aux deux mâchoires. Il est à peu près de la grosseur du

  1. N’a une double rangée de dents. Observation qui ne paraît pas avoir été recueillie par la zoologie moderne. Pour le système des dents dans la série animale, voir l’Anatomie comparée de M. Gegenbaur, pp. 738 et suiv. de la traduction. — À en croire Ctésias. MM. Aubert et Wimmer pensent que tout ce passage sur Ctésias est une addition faite après coup, par une autre main que celle d’Aristote. Ils excusent aussi Ctésias en disant que c’est sans doute une image de quelque animal fantastique, qu’il aura vue dans les Indes, et qu’il aura prise pour la représentation de quelque animal réel. Cependant les détails que donne Ctésias sur le caractère et la férocité du prétendu Martichore, prouvent qu’à la vue de l’image il avait joint sa croyance personnelle, pour les traditions qu’il recevait. Ce n’est pas d’ailleurs la seule fable que Ctésias ait recueillie et racontée. Voir ses Fragments, à la suite d’Hérodote, pp. 91 et suiv., Édit. de Firmin-Didot. Pausanias, Pline et Élien ont répété le récit de Ctésias. Pline appelle cette bête Mantichore, au lieu de Martichore, sans doute par erreur. — À peu près de la grosseur du lion. C’est ce qui a donné à croire que le Martichore pourrait bien être le Tigre ; mais les autres détails n’appuient pas cette hypothèse. — Ses yeux sont bleus. Ceci n’a aucun rapport au tigre, non plus que la couleur de cinabre et la queue armée de pointes. — De la flûte et de la trompette. C’est un conte puéril. — Sa course est rapide. Ceci peut se rapporter au tigre, aussi bien que la férocité. Mais il est bien probable que Ctésias, pendant son long séjour en Perse, avait dû voir des tigres ; et il ne pouvait pas les confondre avec le Martichore.