Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/104

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J’en lerniinerais ici l’éloge avec rexposition, si je ne tenais à montrer encore quelle est la source où Platon a puisé tant de vérité, tant de grandeur et de justesse. C’est dans l’idée qu’il s’est faite de la nature humaine, idée pleine de la plus exquise mesure, qui n’exalte point l’homme et ne le rabaisse point, qui lui enseigne précisément ce qu’il est, qui ne le met point au-dessus de sa condition réelle, et qui ne le ravale point au-dessous, qui lui donne un légitime orgueil sans rien ôter à son humilité nécessaire, qui ne le fait ni trop puissant ni trop faible, et qui, sans l’enlever à aucun de ses devoirs sur la terre, lui montre sans cesse le ciel auquel il est destiné.

Socrate est le premier, je crois, parmi les sages, qui ait essayé de prouver, par une étude attentive, l’empreinte de Dieu marquée dans la nature de l’homme. Partant de cette idée profonde d’Anaxagore, que, dans le monde, l’intelligence est le principe de tout, il en tirait, comme il le dit dans le Phédon^ceile conséquence qu’une intelligence ordonnatrice et créatrice doit avoir tout disposé pour le mieux, et que, pour connaître la nature de chaque chose, il n’y a qu’à chercher la manière la meilleure dont elle peut être. L’homme, dans ce qui se rapporte à lui, ne doit chercher à connaître, comme