Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1112

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§ 23. Le rapport que nous avons signalé entre l’adresse et la prudence se répète, à ce qu’il semble, pour toutes les autres vertus. Je veux dire qu’il y a dans chacun de nous des vertus innées qu’y met la nature, et qui y sont comme des forces instinctives qui, sans l’intervention de la raison, poussent chaque homme à des actes de courage, de justice, et autres actes relatifs au reste des vertus particulières.

§ 24. Je me hâte d’ajouter que ces vertus se forment aussi sous l’influence de l’ habitude et de la volonté. Mais les seules vertus acquises, et que la raison accompagne, sont complètement des vertus, et sont aussi les seules dignes d’estime. Ainsi donc, la vertu purement naturelle agit sans la raison ; et précisément parce qu’elle est isolée de la raison, elle est faible et n’est pas du tout digne de louange ; mais s’adjoignant à la raison et au libre arbitre, elle forme la vertu accomplie et parfaite. Aussi, l’instinct naturel qui nous pousse à la vertu, aide-t-il la raison et ne peut-il exister sans elle.

§ 25. D’un autre côté, la raison et le libre arbitre n’arrivent pas non plus tout seuls à former complètement la vertu, sans le penchant instinctif que donne la nature. Et c’est là ce qui