Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/1287

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LIVRE II, CH. VIII, § 20. 283

ment qu'on les fait tout en ne les voulant point, on les lait librement et non par force. Pour les choses au contraire qui ne dépendent pas de nous, on peut dire qu'il y a une contrainte, bien qu'il n'y ait pas une contrainte absolue, puisque l'être lui-même ne choisit pas ce qu'il fait préci- sément, et qu'il ne choisit que la fin en vue de laquelle il agit comme il fait. Or, c'est là .une différence qui vaut la peine qu'on la remarque. § 19. Si, par exemple, pour éviter d'être touché par quelqu'un on allait jusqu'à le tuer, ce serait une plaisante excuse que de dire que l'on a commis ce meurtre malgré soi et par nécessité. Il faudrait qu'on eût à souffrir un mal plus grand et plus intolérable, si l'on n'agissait pas comme on l'a fait. Car c'est bien alors qu'on obéit à la nécessité, et qu'on agit par force, ou du moins qu'on n'agit pas naturellement, lorsqu'on fait du mal en dépit de soi, ou en vue d'un certain bien, ou en vue d'un mal plus grand, qu'on veut éviter, puisque ce sont là des circonstances qui ne dépendent pas de nous. §20. Voilà pourquoi très-souvent on regarde l'amour comme involontaire, ainsi que d'autres emporte- ments du cœur, et certaines émotions physiques qui sont, comme on dit, plus fortes que nous. Dans tous ces cas.

��quand le cas l'exige et que la raison tact seul le constituait en état de i^'-

le permet. gitinie défense. — Ou du moins

§ 19. Pour éviter d'Ctrc touche, qu'on n'agit pas natuvcUcmcul.

Motif évidemment insuflisant et inad- Celte restriction était indispensaWc,

missible, du moins dans nos mœurs ; et la première assertion était trop gc-

car dans la société brahmanique, la nérale.

loi allait jusqu'à permettre au Brah- § 20. L'amour comme involon-

mane de luer le Tchandala ou Paria taire. Le désir plutôt que l'amour,

pour une raison aussi futile. Le con- — Plus fortes que nous. Voir un peu

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