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308 MORALE A EUDÈME.

quent, il se peut fort bien que l'homme courageux éprouve des craintes aussi violentes que nombreuses. Mais, tout à l'heure nous disions, au contraire, que le courage met l'homme à l'abri de toute espèce de crainte, et qu'il con- siste, soit à ne rien craindre, soit ta craindre peu de choses, et à ne craindre que faiblement et à grand' peine. § 7. Mais peut-être le mot de redoutable a-t-il, comme les mots d'agréable et de bon , deux sens très-différents. Ainsi, il y a des choses qui sont absolument agréables et bonnes, tandis que d'autres ne le sont que pour telle per- sonne; et, loin de l'être absolument, sont au contraire mauvaises et désagréables ; comme, par exemple, toutes celles qui sont utiles aux êtres méchants et pervers, ou qui ne peuvent être agréables qu'aux enfants en tant qu'enfants. § 8. Il en est tout à iait de même pour les choses qui peuvent causer de la crainte ; les unes sont absolument redoutables ; d'autres ne ne le sont que pour telles personnes. Ainsi, les choses que le lâche redoute en tant que lâche, ne sont à redouter pour personne que lui, ou le sont du moins fort peu. Mais ce qui est à redouter pour la plupart des hommes, et ce qui est vraiment à craindre pour la nature humaine, voilà ce que nous regar- dons comme étant absolument à craindre. § 9. C'est contre les choses de ce genre que l'homme de courage leste sans crainte ; il affronte les périls, qui sont en partie

��lin peu pins loin. — L'homme cou- et de bon. Et tant d'aulres qualités,

rageuv éprouve des craintes. C'est qu'on pourrait également citer en

même une condition indispensable exemples. Cette dislinclion de l'ab-

du couras-e; car antrenient, il ne solu et du relatif peut s'étendre aussi

serait que de Tinsensibilité. loin qu'on le veut.

§ 7. Comme 1rs mois d'afircnhir § 9. lin parlic redoutables pour

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