Page:Aristote - La Morale d’Aristote, Ladrange, 1856.djvu/289

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PRELIMINAIRE. cclxxxi

impardonnable de cette œuvre, c'est d'avoir traité par deux fois la question du bonheur, au début du premier livre et à la fin du dixième, et celle du plaisir à la fin du septième et au début du dixième, sans que rien annonce que l'auteur ait eu conscience de ce double emploi. A ces deux égards, Schleiermacher trouve les autres ouvrages fort supérieurs en mérite à la Morale à Nicomaque.

Mais il ne se contente pas de donner la préférence à la Grande Morale sur la Morale à Nicomaque ; il la lui donne également sur la Morale à Eudème, qui n'en est guère qu'une copie développée. Sans le dire positivement, il a bien l'air de croire que la Grande Morale, si régulière à ses yeux, est seule un ouvrage d'Aristote.

Mais alors se présente cette question : Quels sont dans cette hypothèse les rapports des deux autres ouvrages entr'eux? Et dans quelle mesure peut-on les rapporter à Aristote ? Il n'est pas possible d'abord, selon Schleier- macher, que deux ouvrages qui ont trois livres communs, soient de la même main ; et l'on doit penser que c'est quelque compilateur ou éditeur qui aura fait passer, plus tard, ces trois livres d'un ouvrage plus ancien dans un ouvrage plus récent, où ils manquaient, et oîi ils devaient compléter l'ensemble de la doctrine. Mais auquel des deux ouvrages ont-ils appartenu primitivement? Ont-ils passé de la Morale à Nicomaque dans la Morale à Eudème ? Ou à l'inverse ? L'un et l'autre, dans le reste de leurs livres, se réfèrent également à ces trois-là, dont les matières d'ailleurs leur sont également nécessaires. Car, qui pour- rait comprendre que, dans un traité de morale, on ne par- lât ni de la justice ni de la tempérauce ? Schleiermacher

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